Avec l’arrêt de la 356 C cabriolet fin 1965, Porsche n’avait plus de version découvrable dans sa gamme qui représentait alors 16,5 % de ce modèle dans sa dernière pleine année de production. Même si ce taux n’est pas encore très élevé, il l’est tout de même suffisamment pour que Zuffenhausen envisage rapidement son remplacement.
Porsche Targa, un concept d’abord fondé sur le réalisme
Le débat est alors lancé en interne pour savoir s’il fallait concevoir la future découvrable directement à partir du coupé 911 ou bien partir quasiment d’une feuille blanche. Le designer en chef, Ferdinand Porsche, était favorable à cette dernière solution jugeant qu’un cabriolet était plus beau avec une forme tricorps et que la ligne fastback de la 911 se prêtait mal à cette transformation.
Mais le réalisme économique et les règlementations techniques notamment américaines eurent raison de ses souhaits. La version découvrable même si elle est jugée nécessaire ne représente finalement encore qu’un faible pourcentage des ventes. Les designers et ingénieurs eurent alors pour consigne de concevoir la version découvrable à partir de la structure du coupé.
L’arceau Targa, symbole du concept
Ce qui caractérise le plus le concept Porsche Targa, c’est cette barre transversale, une sorte d’arceau de sécurité rendue nécessaire pour venir renforcer la caisse juste derrière les ouvrants, le toit ôté du coupé ne pouvant plus remplir ce rôle.
Mais il existe 2 autres raisons majeures qui ont guidées ce choix comme l’a alors expliqué Butzi Porsche : Tout d’abord cet arceau de sécurité répondait aux exigences des autorités américaines en matière de sécurité routière ainsi que pour les compétitions automobiles. Par ailleurs, sa présence permettait de concevoir une structure couvrante qui ne risquait pas (en théorie) de se gonfler à haute vitesse comme c’était souvent le cas sur les systèmes découvrables traditionnels de l’époque.

Une mise au point pas si simple
Le concept Porsche Targa fut présenté pour la première fois au salon de Francfort en Septembre 1965. Porsche présenta sa 911 Targa comme « le cabriolet le plus sûr du monde ». Mais il fallut attendre plus d’un an avant de voir le premier modèle de série sortir des chaines en 1967 car la conception d’une structure ne se gonflant pas sous l’effet de la vitesse fut plus compliquée que prévue à mettre au point.
Les premiers modèles étaient équipés d’une vitre arrière en plastique zippée ce qui permettait quand on la retirait de totalement ouvrir l’espace arrière. Mais cette vitre rendait la voiture vulnérable aux effractions et s’est avérée fragile au point de rétrécir si on la retirait lors de trop basses températures. Il était alors impossible de la remettre en place ! Elle fut rapidement remplacée par une structure en verre.
Finalement le succès
Comme nous l’avons évoqué, l’arceau de sécurité c’est la marque de fabrique du concept Porsche Targa. On lui donna volontairement un aspect inox brossé pour contraster avec le reste de la carrosserie. Butzi Porsche revendique la paternité de ce choix stylistique pour dit il : « bien montré que cet arceau de sécurité amène de la rigidité et de la sécurité ». Réticent au début, il est maintenant totalement acquis au choix du concept Targa aussi bien sur le plan technique que stylistique.
Ce n’est pas le cas de tout le monde au sein de l’usine Porsche. Harald Wagner responsable des ventes en Allemagne à l’époque, a confessé sa surprise, pour ne pas dire sa réprobation, la première fois qu’il a vu le style de la Targa . Aussi la production de la 911 Targa a dans un premier temps été sous estimée alors que celle-ci rien que pour le marché Ouest allemand a représenté par la suite jusqu’à 40 % des ventes.
Face à ce succès, ce concept de carrosserie a fait des émules puisque d’autres marques vont à leur tour l’utiliser comme Ferrari avec la Dino, Fiat avec la X1/9 ou encore Lamborghini et la Jalpa.
La tant controversée et pourtant excellente Porsche 914 reposera quant à elle totalement sur ce concept.
Targa, un nom issu de la compétition

La dénomination Targa vient des nombreuses victoires acquises par Porsche en Sicile dans cette célèbre course qu’était la Targa Florio. Pas moins de 11 victoires dans cette compétition redoutable entre 1956 et 1973 date de la dernière victoire de Porsche et aussi de la dernière épreuve de cette course devenue mythique.
Le meilleur des 2 mondes

Comme nous l’avons vu précédemment, si les origines du concept Porsche Targa repose avant tout sur des données très rationnelles, cette carrosserie que l’on peut qualifier de semi-ouverte procure des plaisirs de conduite inédits. Ces adeptes ne cesse de louer le plaisir de rouler cheveux au vent tout en se sentant malgré tout protégé dans une carrosserie qui conserve toute sa rigidité n’altérant pas ainsi la conduite sportive. Le concept à toit panoramique rétractable à partir de la 911 (993) y ajoute un habitacle bénéficiant d’une clarté exceptionnelle même toit fermé, une ligne que les designers sont parvenus à sublimer rendant la 911 plus fine et plus élégante et un hayon en verre permettant un accès plus aisé vers la partie arrière de l’habitacle. Au final la Targa occupe depuis ses débuts une place à part dans la gamme 911, apprécié des conducteurs recherchant un modèle un peu exclusif et un certain “art de conduire” mêlant sportivité sans excès et conduite à l’air libre sur le mode cruising.
Les différents modèles
Nous reviendrons plus en détail sur ces différents modèles dans notre future série d’articles sur la saga des Targa. En attendant voici une courte présentation de chacun.
911 2.0 (1967-1969)

La 911 Targa 2.0 est la première des Targa commercialisées. Son toit amovible en plastique se place dans le coffre ou sur les places arrières. Son arceau chromé en contraste avec la carrosserie symbolise le concept.
912 (1967-1969)

La 912 est considérée comme la version “sage” de la 911. Voir notre article complet. La version Targa est identique à celle de la 911 concernant le système découvrable.
911 2.2 (1969-1971)

La version Targa tout en restant inchangée dans son concept suit les évolutions techniques de la 911.
911 2.4 (1971-1973)

Puissance moteur accrue, répartition des masses optimisée, nouveau tableau de bord, rétroviseurs rectangulaires, des changements plus significatifs pour cette nouvelle version. Et pourtant le concept Targa évolue peu si ce n’est la possibilité d’avoir un arceau plus forcément chromé, mais qui peut être maintenant noir.
911 2.7 (1974-1977)

La 911 2.7 est une évolution essentiellement mécanique de la 2,4.
911 3.0 (1976-1977)

Si les 911 type 930 font généralement référence à la première génération de 911 Turbo, il faut savoir que le nom de code de la 911 3.0 était “930 Carrera 3.0”. En effet, le moteur de la 911 3.0 a servi de base pour la version Turbo. Il était d’ailleurs possible de commander sa 911 Targa 3.0 avec le “Turbo Look” .
911 SC (1978-1983)

Arrivant dans une période ou les Porsche à moteur avant ont le vent en poupe, la 911 SC affiche sa filiation avec les 911 “Classics”. La version Targa est toujours présente.
911 3.2 (1984-1989)

La 3.2, l’une des 911 les plus appréciées des passionnés. Toujours une version Targa.
Génération 964 (1989-1993)

La 911 type 964 se pare d’une nouvelle silhouette, déploie son aileron à 80 km/h pour une meilleure assise sur la route. La Targa bénéficie de toutes ces évolutions, le toit en plastique démontable vit ses derniers instants sur cette génération …
Génération 993 (1995-1998)

Dernière 911 a être refroidie par air, elle fait partie, avec la 911 3.2, des modèles les plus appréciés. Révolution pour le modèle Targa qui abandonne le toit démontable pour un toit panoramique en verre qui coulisse sous la lunette arrière.
Génération 996 (2001-2005)

Techniquement très aboutie, la 996 a une esthétique malheureusement beaucoup moins appréciée. Pourtant, la version Targa sublime le concept avec une carrosserie qui lui donne beaucoup de classe. Si ce n’était les phares avants….
Génération 997 (2006-2012)

Le concept de toit en verre rétractable est repris et amélioré sur cette version. Ce qui est surtout marquant techniquement sur cette nouvelle génération, c’est qu’elle n’est disponible qu’en 4 roues motrices.
Génération 991 (2014-2020)

Le projet était tentant, remettre au goût du jour le concept originel tout en supprimant son principal défaut : le démontage fastidieux du toit. Porsche a relevé le défi avec brio en proposant un système d’ouverture-fermeture automatisé avec un toit se logeant automatiquement sous la bulle arrière, bluffant ! Le tout en adaptant le style Targa des années 60 avec sa bulle arrière si caractéristique et l’arceau anodisé au style de la 991 des années 2000, c’est réussi !
Génération 992 (2020…)

La génération 992 affine le style de la génération précédente et reprend le même mécanisme du toit se rangeant automatiquement sous la bulle arrière.
Les autres Porsche Targa
Porsche-Volkswagen 914 (1969-1974)

Si elle n’a pas la dénomination officielle Targa, la Porsche-Volkswagen 914 repose de fait sur le concept Targa avec sa carrosserie fermée par un toit rigide amovible.
Porsche 924, 944 et 968 Targa (1976-1990)

Ce ne sont pas des versions à part entière mais une option qui consiste en un toit ouvrant couleur carrosserie pouvant être entrebaillé électriquement ou totalement retiré.
2 réflexions sur “Porsche Targa, toute une histoire…”