MG A, un roadster so British !

Pour bien comprendre l’histoire de la MG A, il faut d’abord faire appel à la grande histoire. L’Angleterre sort exsangue de la deuxième guerre mondiale, son industrie automobile souffre et doit se restructurer. C’est ainsi qu’en 1952 naît la British Motor Corporation, fusion de deux grands rivaux : Austin et la Nuffield Organisation, maison mère des marques Morris, MG, Riley et Wolseley.

La MG A a failli ne jamais voir le jour

Cette même année, le constructeur Healey connaît un grand succès avec sa type 100 mais n’a pas la capacité de production pour faire face à la demande. S’opère alors un rapprochement opportuniste avec Austin qui a cette capacité. C’est ainsi que naît la marque Austin-Healey !

L’Austin Healey T 100 qui a failli compromettre la carrière de la MG A

Victime colatérale de ce rapprochement, MG qui voit ses ambitions de développement d’un nouveau roadster stoppées nettes. La priorité est logiquement donnée à Austin Healey et sa T 100. MG se voit alors contraint de faire durer jusqu’à la corde sa vénérable T apparue en 1936 avec une énième version baptisée Type F !

La vénérable MG TF

Mais cette stratégie n’a qu’un temps et face à l’effondrement des ventes de MG, feu vert est finalement donné en 1953 pour lancer un nouveau roadster pour succéder à la type T et baptisée MG A.

La MG A, conçue en 2 ans

MG ne part pas d’une feuille blanche, la MG A étant l’aboutissement d’un travail effectué sur plusieurs prototypes dont certains destinés à la compétition et conçus par l’ingénieur en chef de MG, Syd Enever.

Prototype EX 172 avec l’équipe de développement

Il y a d’abord l’ EX 172 basée sur la MG TD et qui participe aux 24 heures du Mans 1951. Les lignes générales de ce que sera la MG A sont déjà tracées. Suit le prototype EX 175 que l’on peut considéré comme la version « route » de l’EX 172 et qui se voit bloquée par le lancement de l’Austin Healey T100.

Un troisième prototype, l’EX 182 est lancé à nouveau sur les pistes du Mans en 1955 à quelques semaines du lancement de la MG A. La ligne se rapproche du modèle définitif.

MG EX 182 aux 24 heures du Mans 1955

Parallèlement, la BMC a mis au point un 1500 cm3 (commun avec les Austin A-50 et Morris Oxford) qu’elle mettra à disposition de la MGA. La synergie de groupe, ça a du bon !

C’est pourquoi, suite à la décision de produire la MG A en 1953, il ne faudra qu’à peine 2 ans pour sa présentation officielle au salon de Francfort 1955.

La MG A au salon de Francfort 1955

Anecdotes à propos de la MG A…

La MG A devait au départ s’appeler UA, à la suite logique des séries T. Mais pour accompagner la rupture de style opérée par MG, il a été décidé de changer de dénomination.  Le slogan publicitaire au lancement fut d’ailleurs “First of a new line” (la 1ère d’un nouveau style).

Encart publicitaire d’époque

Autre anecdote, les ventes de MG en France à cette époque sont des plus modestes. Aussi la firme d’Abingdon n’a pas de budget de promotion à consacrer au lancement de son nouveau roadster dans l’hexagone.

Mais Marcel Bleustein Blanchet créateur de Publicis, grand gourou de la publicité de l’époque en France, adorait la marque et la MG A tout particulièrement.

C’est comme ça que le nouveau roadster va être très présent dans la presse magazine de mode de l’époque comme produit d’illustration et sans que MG ne verse un centime…

La MG A très présente dans la presse magazine française

MG A, 7 ans de carrière

MG A 1500

C’est donc en 1955 que les premières MG A prennent la route, équipées du 1500 BMC maison. Il s’agit d’un 4 cylindres 8 soupapes animé par une boîte manuelle à 4 rapports. La modeste puissance de 68 ch incite plus à la ballade tranquille que sportive.

D’ailleurs côté performances, MG annonce 157 km/h en vitesse de pointe et 20,2 secondes pour 400 mètres départ arrêté, des résultats jugés un peu juste à juste titre même pour l’époque.

Des dessous classiques…

Sur le plan du châssis, comme pour la mécanique, MG part sur des solutions éprouvées. Châssis séparé, carrosserie en acier avec même la présence de bois (contreplaqué de marine) au niveau des planchers ! Par contraste, les ouvrants sont eux en aluminium !

Trains roulants très classiques également  avec notamment triangles inférieurs en tôle à l’avant. L’essieu arrière se contente d’un pont arrière rigide. Les quatre freins sont à tambours, sans assistance. La direction est à crémaillère, montée en avant du train avant. 

Châssis de MG A

Cette description ne fait pas vraiment rêver les ingénieurs automobiles. Mais tous ces éléments sont intelligemment agencés ce qui donne au final une MG A efficace sur la route, bien aidée par son poids contenu à 900 kilos.

Mais un design qui fait mouche !

Là ou la MG A fait la différence, c’est avec sa plastique qui fait mouche immédiatement. Il est d’ailleurs intéressant de s’arrêter 2 minutes sur le design de sa carrosserie. Nous sommes à une époque de mutation importante du design automobile où la carrosserie ponton s’impose peu à peu.

Un design entre 2 époques mais très séduisant

Il s’agit d’aligner les différents éléments constituant la carrosserie : ailes, portières, calandre et pare-chocs. Il est intéressant d’observer que la MG A est entre deux, avec des ailes avants bien alignées avec les portières mais une ligne arrière avec des ailes encore proéminentes. C’est finalement tout ce qui fait le charme de son design. L’absence de poignées de porte renforce l’impression de pureté de la ligne.

L’habitacle est très classique également pour l’époque même s’il en fait rêver plus d’un aujourd’hui. 2 fauteuils confortables et un tableau de bord peint couleur carrosserie agrémenté d’une instrumentation très complète avec manos à profusion. Le volant est grand avec une jante très fine et 4 branches.

Un tableau de bord simple, classique mais beaucoup de charme…

Mécanique éprouvée et robe très attrayante, vous obtenez au final un cocktail qui plaît notamment aux Etats Unis, marché qui va absorber jusqu’à 80 % de la production ! La MG A 1500 reste la version la plus diffusée puisqu’elle représente 60 % de la production totale.

La MG A coupé

La MG A était très souvent commandée avec l’option hard top ce qui décidera la marque a proposé rapidement une version coupé qui fait son apparition dès 1956. Personnellement je la trouve magnifique mais pourtant sa ligne fait souvent débat.

La très belle version coupé

MG A Twin cam

La Twin Cam c’est le “mouton noir” de la MG A. Pourtant tout partait d’une bonne intention. Pour faire face à une concurrence aux mécaniques plus affûtées comme la Triumph TR2 ou l’Austin-Healey 100/4, il a été décidé de doter la MG A d’une mécanique plus pointue.

Un réalésage du vénérable 1500 a permis de pousser la cylindrée à 1600 cm3, le tout agrémenté d’une culasse alu à double arbres à cames en tête (d’où le nom « Twin Cam »). Par ailleurs cette version était équipée de 4 freins à disque, de suspensions renforcées et de jantes Dunlop ajourées.

Si cette mécanique a permis d’augmenter significativement les performances de la MG A (108 chevaux permettant d’atteindre 180 km/h), la Twin Cam fut un véritable cauchemar pour ses propriétaires et la maison MG. Ce moteur trop hâtivement mis au point a rapidement révélé de nombreux problèmes de fiabilité : surchauffe moteur, consommation excessive d’huile et d’essence, bielles coulées etc..

Autant de mésaventures qui, malgré quelques tentatives de fiabilisation, vont contraindre MG a jeté l’éponge. La fabrication de la Twin Cam fut stoppée 2 ans plus tard, en Avril 1958, après très exactement 2111 exemplaires produits.

Comme souvent avec ces “versions maudites”, la Twin Cam est aujourd’hui la version de la MG A la plus prisée des collectionneurs avec des cotes qui s’envolent, ce qui fait le bonheur des salles des ventes.

MG A Mk1 1600

En Mai 1959, la MG A Mk 1 est lancée. Il s’agit de faire oublier le fiasco de la Twin Cam tout en proposant une version plus puissante mais cette fois-ci fiabilisée. La cylindrée du moteur passe très exactement à 1588 cm3. La puissance s’établit désormais à 80 ch permettant un léger gain en performances. Les 160 km/h sont désormais atteints et le 400 mètres peut se faire en moins de 20 secondes. Mais le plus important est que ce nouveau moteur permet une conduite plus souple.

Par ailleurs cette nouvelle version se dote se dote de disques de freins à l’ avant, de ressorts renforcés et de feux arrière séparés.

MG A 1600 Deluxe

C’est l’échec de la Twin Cam et son arrêt prématuré qui ont permis le naissance de cette version Deluxe. Celle-ci utilise en effet, les châssis non utilisés de la Twin Cam (environ 300 exemplaires) sur lesquels MG est venu greffer le moteur 1600 de la Mk1.

La Deluxe comme son nom ne l’indique pas est donc une version “sport” reprenant les suspensions renforcées et les jantes Dunlop mais équipée d’un moteur standard. Elle fut produite de 1960 à 1962

MG A 1600 Mk 2

Pour rester dans la course, la MG A se dote en fin de carrière en 1961 d’une nouvelle motorisation un peu plus puissante. Il s’agit toujours d’un 4 cylindres en fonte culbuté, puisé à nouveau dans la banque d’organes du groupe BMC. Il développe 86 ch (ou 91 selon le taux de compression) SAE à 6 500 trs/mn permettant d’emmener la MG A Mk2  à 163 km/h et lui autorisant le 400 mètres départ arrêté en 19,2 secondes. Des performances en légère amélioration par rapport à la version précédente.

MG A Mk 2 et sa calandre et ses barrettes verticales en retrait

Pour le reste, cette MG A Mk 2 se distingue facilement des générations précédentes grâce à sa calandre à barrettes verticales maintenant en retrait et ses feux arrières désormais horizontaux. Sur les quelques 100 000 exemplaires de MG A produites, seuls environ 8000 sont des Mk2 puisque sa carrière s’arrête dès 1962 pour laisser place à la MG B.

Acheter une MG A aujourd’hui

Malgré une production exportée aux trois quart vers les Etats Unis, il est relativement simple de trouver une MG A en Europe et plus particulièrement en France. Un certain nombre d’exemplaires ont fait le chemin inverse et sont revenus sur leur continent d’origine par l’intermédiaire d’importateur.

Les principaux points à vérifier

Un certain nombre de vérifications s’imposent avant de faire votre choix. Bien sûr en premier lieu l’historique du modèle et son authenticité. La MG A fait potentiellement partie des ces modèles à une époque peu onéreux qui à travers les décennies passées ont pu subir des transformations l’éloignant de l’origine. Gare aux moteurs transformés et remplacés notamment.

Comme pour toute anglaise qui se respecte, bien évaluer le niveau le niveau de corrosion du châssis et de la carrosserie. Si une restauration carrosserie a déjà été faite, vérifier qu’elle ait été réalisée dans les règles de l’art et que ce soit pas simplement un cache misère. Détecter la présence d’humidité éventuelle au niveau de la moquette car pour rappel le plancher comporte des parties en bois qui peut pourrir !

La mécanique simple de conception est fiable (sauf la Twin Cam !) et les pièces sont faciles à trouver et abordables. Le train avant peut être victime de son âge et avoir perdu de sa précision d’origine, à vérifier avant l’achat.

La boîte est à vérifier notamment une possible faiblesse de la synchro de la 2ème vitesse.

A qui acheter une MG A ?

Si vous avez une bonne connaissance du modèle, de la mécanique ou si vous êtes assisté par un connaisseur, l’achat à un particulier reste la source la plus intéressante. Dans le même contexte, la vente aux enchères est aussi une bonne solution.

Plus onéreux mais convenant mieux à un novice, l’achat auprès d’un revendeur spécialisé est un excellent choix d’autant plus s’il a procédé lui même à la restauration.

Quelques revendeurs spécialisés en anglaises

Quelques revendeurs spécialisés dans l’importation, la restauration et la vente de belles anglaises et notamment de MG A. (Liste non exhaustive)

Cecil Cars https://www.cecil-cars.com/
Bretagne Roadster http://www.bretagneroadster.com/
Boche automobile http://www.bocheauto.com/
Paul’s Classic Cars http://www.pauls-classic-cars.fr/
L’atelier des anglaises https://www.atelier-des-anglaises.fr/

En savoir plus sur la MG A

Les sites et forums
Sources inépuisables d’informations, les clubs et forums sont le meilleur moyen d’en apprendre plus sur le modèle convoité.

L’incontournable MG club de France https://www.mgclubdefrance.com/

Le club britannique MG Owners’ Club https://www.mgownersclub.co.uk/

D’autres clubs anglais
MG Cars https://www.mg-cars.org.uk/
MG Car Club https://www.mgcc.co.uk/

Les livres sur la MG A
De par sa diffusion et sa popularité, les ouvrages traitant de la MG A sont assez nombreux, que soit ceux abordant son histoire ou sa restauration et son entretien. Par contre ils sont souvent en anglais. Parmi eux “Original MG A” en vente sur le site Moss, spécialiste de pièces détachées d’anciennes anglaises.

Les revues
Photogénique et faisant partie des roadsters prisés des collectionneurs, la MG A fait l’objet de fréquents articles dans les revues spécialisées en anciennes.

Les éditions LVA (Rétroviseur, la vie de l’auto, Auto Retro) a sur son site un très utile moteur moteur de recherche vous permettant de répérer les anciens numéros traitant de votre ancienne préférée, numéro que vous pouvez ensuite vous procurez. https://www.lva-auto.fr/magazine.php?idMagazine=Retroviseur

La revue Gazoline https://www.hommell-magazines.com/magazines-automobile/gazoline/

Une réflexion sur “MG A, un roadster so British !

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