Les 24 heures du Mans, son histoire en 10 questions

L’histoire des 24 heures du Mans en 10 questions-réponses. Retrouvez ici tout ce qu’il faut savoir sur cette compétition automobile mythique, l’une des plus connues au monde.

Qui a créé les 24 heures du Mans ?

C’est la résolution de 3 hommes en 1922 qui a permis la naissance de la plus célèbre course d’endurance au monde, les 24 heures du Mans. D’abord Georges Durand, ingénieur et secrétaire général de l’ACO (Automobile Club de l’Ouest). C’est l’association qui a organisé avec brio le premier grand prix de France automobile de l’histoire en 1906. Ensuite Charles Faroux patron du journal L’Auto, polytechnicien, journaliste et passionné de sport. Il participe lui même à quelques courses automobiles. Enfin, Emile Coquille, importateur de la marque britannique Rudge-Whitworth, fabricant de vélos et de roues démontables pour moto et voiture de sport.

La première épreuve des 24 heures porte le nom de coupe Rudge-Whittworth du nom du premier sponsor de la course.

L’ambition première de Georges Durand véritable initiateur du projet, était de pérenniser une course annuelle sur le site du Mans. Par ailleurs, si les épreuves de vitesse connaissent à l’époque un grand succès, l’automobile est encore à crédibiliser. L’idée est donc de créer une course différente, réservée aux voitures de tourisme pour éprouver leur solidité et leur fiabilité. Si au départ une course sur 8 heures a été envisagée, la durée de 24 heures a paru à juste titre plus appropriée pour marquer les esprits.

Premier départ en 1923 en ligne et sous la pluie.

Le départ de la première course de 24 heures fut donc donné pour 33 voitures (sous la pluie !) le Samedi 26 Mai 1923 sur un circuit de 17 kilomètres de long. Le nom officiel de l’épreuve est coupe Rudge-Whitworth puisqu’Emile Coquille et son entreprise furent logiquement le premier sponsor de l’épreuve mancelle.

Quelle est la première marque à avoir remporté les 24 heures du Mans ?

C’est la marque française Chenard et Walker qui a remporté la première de course de 24 heures au Mans. Si la marque est aujourd’hui peu connue du grand public, Chenard et Walker fait partie dans les années 20 des constructeurs automobiles qui comptent. La société est à l’époque la 4 ème marque automobile sur le marché français.

La Chenard et Walke Torpédo Sport 3 litres type U3 est la première voitue a remporté les 24 heures du Mans.

On dirait aujourd’hui que Chenard et Walker était un constructeur Premium, avec des modèles réputées pour leur puissance et leur fiabilité. L’écurie de course de la marque française n’est pas étrangère à ce statut car elle a rencontré de nombreux succès dans les différentes compétitions auxquelles elle a participé.

Cette Chenard et Walker est une Torpédo Sport 3 litres type U3. Elle est équipée d’un moteur 4 cylindres délivrant une puissance d’environ 90 à 100 chevaux. Les suspensions avant et arrière sont à ressorts à lames semi-élliptiques et amortisseurs à friction. Une belle fiche technique pour l’époque !

Quelle marque a le plus remporté les 24 heures ?

Porsche est le recordman absolu de victoires au Mans avec 19 succès. C’est en même temps l’équipe la plus fidèle puisqu’elle participe à la course sans interruption depuis 1951 dans différentes catégories. L’équipe allemande a dû faire preuve de patience puisqu’elle a remporté sa première victoire qu’en 1970 après 20 participations infructueuses !

La Porsche 917 est la voiture symbole du record de victoire de la marque allemande au Mans.

A noter que Porsche a enchaîné 7 victoires consécutives entre 1981 et 1987 et a trusté les 8 premières places en 1983 ! Un autre constructeur allemand, Audi, se classe en deuxième position avec 13 victoires entre 2000 et 2014 en seulement 18 participations. Ferrari complète ce podium avec 9 victoires dont 6 consécutives entre 1960 et 1965.

Quel piloté a été le plus titré au Mans ?

C’est le pilote danois Tom Kristensen qui détient le record avec 9 victoires. Il remporte la première dès sa première participation en 1997. Puis il enchainera une série ininterrompue de 5 victoires entre 2000 et 2005. En 18 participations, Kristensen est monté 14 fois sur le podium. Chapeau l’artiste ! S’il remporte la première sur TWR Porsche, toutes les autres le seront avec Audi. A l’exception de 2003 remporté sur Bentley Speed 8 mais qui n’est rien d’autre qu’une Audi remaniée !

Tom Kristensen recordman des victoires au 24 heures du Mans avec 9 titres !

Il est suivi par le pilote belge Jacky Ickx qui a remporté l’épreuve mancelle 6 fois avec 3 constructeurs différents : Ford, Mirage et Porsche. Surnommé monsieur Le Mans, il est en même temps un pilote très éclectique puisqu’il a fait parallèlement une belle carrière en Formule 1 pendant 10 saisons. Sans compter ses victoires en Can-Am et sur le Paris-Dakar.

Impossible d’évoquer les pilotes emblématiques sans citer Henri Pescarolo. Le pilote français s’est imposé 4 fois au Mans avec 3 victoires sur Matra et une sur Porsche. Il est le recordman au nombre de participations, pas moins de 33 ! Il faut y ajouter ses 12 participations en tant que constructeur avec son équipe Pescarolo Sport.

Quelle est la vitesse maxi la plus élevée atteinte dans la ligne droite des Hunaudières ?

L’une des particularités du circuit de la Sarthe, c’est son immense ligne droite longue de 5,4 kilomètres. Inutile de préciser qu’elle constitue un excellent terrain de jeu pour atteindre des vitesses maxi très élevées. Ainsi en 1988, pendant la course, c’est la WM Peugeot P88 n°51, pilotée par Roger Dorchy, Claude Haldi et Jean-Daniel Riaulet, qui en début de soirée, était chronométrée à 407 km/h. Jamais une vitesse aussi élevée n’a été enregistrée depuis.

La WM Peugeot P88 n°51 recorman de la vitesse de pointe dans la ligne droite des Hunaudières au Mans en 1988 avec 407 km/h

Il faut dire que de nombreux accidents parfois malheureusement mortels ont eu lieu dans cette longue ligne droite. Ce qui a poussé les organisateurs de l’épreuve à aménager en 1990 deux chicanes pour stopper cette course à la vitesse maxi, devenue déraisonnable,

Pourtant l’accident le plus spectaculaire eu lieu en 1999 quand la Mercedes CLR de Peter Dumbreck a littéralement décollée dans les Hunaudières à la vitesse de 330 km/h avant de retomber au milieu de la forêt longeant la piste. Par miracle, aucune personne ne fut blessée et le pilote s’en est sorti sans une égratignure, juste une énorme frayeur !

Quel est le tour le plus rapide enregistré au 24 heures du Mans ?

3 minutes 14 secondes et 702 millièmes, c’est le temps qu’il a fallu au pilote japonais Kamui Kobayashi pour boucler le tour du circuit de 13,629 kilomètres de long en 2017 à la vitesse moyenne de 251,882 km/h. C’est au volant de sa Toyota TS050 Hybrid que le pilote a établi ce record lors des qualifications de la 85 ème édition de l’épreuve.

La Toyota TS050 Hybrid la plus rapide sur un tour.

Malgré ce record, Toyota ne remportera pourtant pas la course des 24 heures cette année là. Le constructeur japonais a une fois de plus été victime de problèmes de fiabilité. 2 de leur 3 voitures ont abandonné en l’espace d’un quart d’heure en début de nuit.

Quelle a été le plus petit écart entre le premier et le deuxième au Mans ?

C’est en 1966 que le plus petit écart a été enregistré avec 20 mètres séparant la Ford GT 40 n°2 de Amon/McLaren et la n°1 de Miles/Hulme. Mais il s’agit d’une arrivée arrangée à l’initiative du management de Ford qui avait décidé de regrouper ses trois voitures pour l’arrivée. Ceci afin de marquer les esprits avec son écrasante victoire notamment sur Ferrari.

120 mètres d'écart entre le premier et le deuxième au bout de 24 heures de course. C'était en 1969.

Mais le plus petit écart réel à l’arrivée est à mettre à l’actif de Jacky Ickx qui avec sa Ford GT 40 en 1969 a précédé de 120 mètres la Porsche 908 de Hans Hermann. Le tout après une bagarre somptueuse dans le dernier tour.

Qu’est ce qu’un départ type Le Mans ?

Entre 1925 et 1969, les voitures participantes étaient garées en épi. Les pilotes devaient traverser la piste en courant pour rejoindre leur bolide, avant de les démarrer et s’élancer. L’origine de cette pratique est assez cocasse avec le décalage du temps. En effet, dans les premières années de la course mancelle, les voitures étaient équipées d’une capote amovible. Pour vérifier que celle-ci était à la fois solide et facile à mettre en place, le règlement imposait de les installer au départ et de faire un minimum de 20 tours avec la capote levée. Et pour éviter toute triche et que les pilotes ne commencent la manoeuvre avant le signal du départ, il avait été décidé de les éloigner de leur voiture. Par la suite, rien ne justifiait cette procédure, si ce n’est la tradition et la nostalgie.

Le départ typique du Mans abandonné en 1971 pour des raisons de sécurité.

Un pilote va mettre fin à cette tradition par son attitude au départ de sa première participation en 1969. Ce pilote c’est Jacky Ickx. Sans doute marqué par le terrible accident de son compatriote Willy Mairesse au moment du départ de l’épreuve 1968, le pilote belge se contente de marcher à pied pour rejoindre sa voiture. Ce qui ne l’empêchera pas de franchir la ligne d’arrivée en vainqueur 24 heures plus tard !

Jacky Ickx entend ainsi dénoncé la dangerosité de cette procédure de départ. En effet, les pilotes n’hésitaient pas à s’élancer sans harnais attaché et la portière pas toujours fermée. C’est ce qui avait aggravé l’accident de Willy Mairesse, ce dernier ayant été éjecté de sa voiture après une sortie de route. En 1970, si les voitures sont toujours garées en épi, les pilotes ne courent plus vers leur voiture. Et en 1971, on assiste à un départ lancé, toujours en vigueur aujourd’hui.

D’où vient la tradition du pesage au 24 heures du Mans ?

Le pesage, outre le contrôle du poids, correspond à l’ensemble des vérifications techniques effectuées pour chaque voiture participante à la course. Il s’agit de contrôler sa conformité technique par rapport au règlement de l’épreuve. Des contrôles des organes de sécurité sont également effectués ainsi que les formalités administratives pour chaque pilote avant les premiers essais.

Le pesage un moment fort de l'avant course au Mans.

Si ces formalités se déroulent pour toutes les courses automobiles du monde soumises à un règlement officiel, la particularité du Mans est que ce processus a lieu en public. On doit cette originalité à Georges Durand dès la première épreuve en 1923 qui avait le soucis de rapprocher le plus possible l’épreuve de son public.

Le premier pesage eut lieu dans le centre ville du Mans non loin du siège de l’Automobile Club de l’Ouest. Ce qui est devenu aujourd’hui une véritable fête populaire se déroule dorénavant sur 2 jours toujours au coeur de la ville du Mans le Dimanche précédant la semaine de course. Depuis 1995, le pesage se double d’une parade des pilotes dans la ville la veille de la course.

Quelles innovations techniques majeures ont été testées au 24 heures du Mans ?

Les 24 heures du Mans, épreuve d’endurance par excellence, a toujours constitué un laboratoire d’essai grandeur nature pour bon nombre d’innovations techniques et ce dès les premières épreuves. Toutes les innovations citées ici n’ont pas forcément été inventées pour la course aux 2 tours d’horloge. Mais cette compétition d’endurance majeure leur a donné incontestablement une visibilité qui a favorisé leur développement.

1926 Le phare anti-brouillard

La phare anti-brouillard au Mans en 1926.

A la fin du printemps, le brouillard est fréquent au petit matin du côté des Hunaudières et du S de Maison Blanche. Aussi dès la 4 ème édition des 24 heures, Pierre Marchal fondateur de la société pour la fabrication de projecteurs et lanternes électriques propose à la marque Lorraine-Dietrich d’équiper leur voiture d’un gros feu rond central. Avec son faisceau bas et strié, ce dernier éclaire sous le brouillard améliorant ainsi la visibilité du pilote. On considère que cet équipement novateur ne fut pas étranger au triplé que réalisa la firme française cette année-là…

1927 La traction avant

Des véhicules à traction avant avaient vu le jour avant 1927. Mais les ingénieurs français Pierre Fenaille et Jean-Albert Grégoire inventent le joint homocinétique Tracta. Ce dispositif permet en virage aux 2 roues avants de tourner à la même vitesse. Ceci fut déterminant pour le développement de la traction avant qui offre une bien meilleure tenue de route que la propulsion aux roues arrières.

Première traction avant aux 24 heures du Mans en 1927.

Grégoire avait déjà participé à différentes compétitions automobiles. C’est donc tout naturellement que les 2 hommes décident de participer au 24 heures du Mans pour tester et faire connaître le concept de traction avant sous la marque Tracta. Sans jamais être en mesure de l’emporter les Tracta ont quand même connu un certain succès au Mans : septième en 1927, douzième en 1928, neuvième et dixième en 1929, huitième et neuvième en 1930.

1951 Le pneu à carcasse radiale

On trouve trace des premiers brevets de pneu à carcasse radiale dès 1915. La présence de fils textiles dans la carcasse du pneu permet de renforcer ses flancs. Ce dispositif améliore considérablement sa solidité et lui offre une bien meilleure tenue en virage.

Michelin monte son pneu radial X sur la Lancia Aurélia B20 GT en 1951.

C’est avec ce modèle de pneu fourni par Michelin que la Lancia Aurélia B20 GT remportera sa catégorie cette année là avec une très honorable douzième place au général.

1953 Le frein à disque

Si les origines du frein à disque remontent au 19 ème siècle, Jaguar est la première marque a les avoir utiliser en compétition. Basé sur le principe d’Albert Gerling, le frein à disque développé par Dunlop pour Jaguar offre une bien meilleure dispersion de chaleur par rapport au tambour. Ceci améliore considérablement l’efficacité globale du freinage. 

La Jaguar TYpe C équipée de frein à disque remporte les 24 heures en 1953

Par ailleurs, le frein à disque est bien plus rapide à changer qu’un frein à tambour. Inutile de préciser que c’est un avantage majeur en compétition. Avec sa Jaguar Type C, la marque anglaise signera un doublé dans l’épreuve de 1953.

1991 Le moteur rotatif

NSU est la première marque automobile au monde à avoir développé un moteur pourvu de pistons rotatifs. Mais c’est bien Mazda qui est reconnu aujourd’hui comme la marque spécialiste attitrée de cette technologie très particulière. Et une fois de plus l’exposition privilégiée des 24 heures du Mans n’y est pas étrangère.

Mazda première marque japonaise à remporté la course. Un moment phare de l'histoire des 24 heures du Mans.

Le moteur rotatif n’est réputé ni pour sa fiabilité ni pour sa sobriété, pourtant deux conditions indispensables pour remporter la course. Mais Mazda réussit pourtant l’exploit de la remporter cette année là ! C’est en même temps la première fois qu’une marque japonaise s’impose au Mans bien avant Toyota.

2006 Le moteur diesel

Rudolphe Diesel présente son moteur alimenté à l’huile lourde à l’exposition universelle de 1900. Mais il faudra attendre 1936 pour voir circuler sur les routes la première voiture de série diesel, une Mercedes Et il faudra encore attendre 1949 pour voir tourner sur le circuit de la Sarthe une voiture alimentée au gasoil.

Première victoire d'un moteur diesel au Mans en 2006.

Les frères Jean et Jacques Delettrez entre 1949 et 1951 et la Manufacture d’Armes de Paris en 1950 vont tenter l’aventure du diesel au Mans. Malheureusement à chaque fois des problèmes de fiabilité n’ont pas permis aux bolides diesel de boucler les deux tours d’horloge.

En 2004 nouvelle tentative avec l’écurie Taurus Sports Racing. Toujours sans succès. Ce n’est qu’en 2006 alors que le diesel est en plein essor qu’Audi se lance à nouveau dans l’aventure. Et ce coup d’essai est un coup de maître puisque la marque d’Ingolstadt s’impose enfin avec un moteur diesel.

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